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jeudi 30 septembre 2010

La science-fiction en Belgique francophone : un genre littéraire dans son rapport à l'Histoire

Troisième opus. Peut-être celui qui creusait au plus profond les rapports circulaires Science-fiction – Belgique – Histoire… Daté également, bien entendu : le plus évident, sous un regard de 2010 est ce regret quant au petit nombre d’études consacrées à l’uchronie. La bible d’Éric Henriet était encore dans les limbes d’un avenir indéfinissable…
L'étude est née d'une demande de Jean-Marc Gouanvic qui sollicitait une communication pour un congrès du CIEF à Montréal, congrès auquel je ne pus me rendre pour cause de fracture d'humérus...
La communication devint une étude, et atterrit dans un numéro de la "Revue Francophone de Louisiane", publiée par la University of Southwestern Louisiana (vol.III, n°2, hiver 1988).
Bref, le quatrième et ultime article répondra enfin à certaines questions concernant les auteurs en contenant une bibliographie chronologique (c’est le moins lorsque l’on parle d’Histoire…)



La science-fiction en Belgique francophone : un genre littéraire dans son rapport à l'Histoire
("Revue Francophone de Louisiane", vol.III n°2, hiver 1988, pp.3-14.)
 
Depuis quelque temps, nous avons été amené à repenser la question de l’existence même d’une littérature de science-fiction (SF) organisée, autonome, voire légitimée ou semi légitimée (à l’instar de la bande dessinée) sur le territoire culturel de la Belgique francophone. Deux réflexions (1), qui tentaient de mettre en balance les lettres françaises de Belgique et la SF, sous l’angle de leur statut respectif au sein de nos institutions socioculturelles modernes, semblaient aboutir à un identique axe de recherche ultérieur. Celui-ci veillerait à éclairer une certaine incapacité spéculative des lettres belges (2) – il y a en effet eu fort peu, voire pas du tout de SF francophone ici, et cela ne change guère – par les liens de ces lettres avec une lecture désormais incontournable de l’histoire nationale et de sa traduction culturelle en termes de “déshistoire”. Qu’il soit bien clair cependant que l’espace qui nous est imparti, comme la fraîcheur de notre théorie, marqueront cette dernière plutôt au coin de l’intuition, et qu’elle demande à se voir progressivement étayée par son propre développement critique.


Dans un article paru en 1986 (3), Élisabeth Vonarburg tentait, entre autres, d’avancer quelque explication à la rareté, voire l’inexistence, d’une SF spécifiquement québécoise avant l’année charnière de 1974 (4). Elle rappelait ainsi les mots de Michel Tremblay selon lequel les Québécois étaient alors « trop occupés à (se) chercher dans le présent pour le faire dans l’avenir » (5). En somme, le Québec aurait peu ou pas connu de SF antérieurement aux années 70 car, à travers la Révolution Tranquille, il était en train de créer son Histoire et de s’inventer une modernité quotidienne sans ressentir le besoin de l’anticiper. L’avenir se créait tous les jours sans aucune nécessité d’un relais symbolique qui eût questionné les lecteurs. Déjà apparaît ici, comme allant de soi, l’idée sous-jacente d’une liaison directe de l’Histoire et de la SF. L’étude de la SF en Belgique francophone fera intervenir une problématique similaire : mais où la production symbolique du Québec répondait à un trop plein d’histoire par l’inexistence d’une quelconque réflexion sur l’avenir étoilé de l’humanité, cette même production traduite en termes belges répondrait a contrario par une même inexistence science-fictive à un vide de l’Histoire ou à une perception trop artificielle de cette dernière.

1. “Il n’ y a pas de SF belge francophone”

Pour résumer grossièrement notre vision du paysage SF belge, dressée dans les deux études citées, nous pourrions nous contenter d’une phrase : il n’y a pas de SF belge francophone ! C’était la conclusion regrettable mais logique d’un parcours à la recherche d’oeuvres perdues. Si des tentatives anticipatrices ponctuelles ont toujours existé, il n’en demeure pas moins que la SF demeure inexistante dans le sud du pays en tant que genre indépendant et semi légitimé, à l’image de la France, de la Grande-Bretagne ou des États-Unis. La SF belge francophone se limite au fandom, et encore !

Tentant dès lors d’analyser cette absence belge du concert science-fictif, alors même qu’au plan international le genre s’installait confortablement en divers cadres du champ socioculturel (via, après le littéraire et en ordre principal, le cinéma, la BD et la publicité), nous désirions tracer notre recherche de manière interne à la signifiance même de la SF, sans pour autant négliger les déterminants socio-historiques qui charpentent toute production symbolique. On verra même que les deux aspects apparaissent inéluctablement liés. Certes, on aurait pu – et certains n’y ont pas manqué – avancer des modèles explicatifs qui eussent montré comment l’apparition d’une SF propre a été oblitérée en Belgique par l’émergence d’autres genres ou d’autres attitudes issus de la pulsion créatrice des écrivains comme des conditions de production. Ou encore, en matière de SF comme ailleurs, évoquer le déploiement de l’aile castratrice du voisin français. Ou enfin, adoptant en cela le point de vue qui vise à lier l’état technologique d’une culture à l’existence en son sein d’oeuvres de SF, nous demander si le niveau et l’intérêt technologiques belges étaient propres à voir naître de telles oeuvres. Analysons rapidement ces voies.

1.1. Le Fantastique

Ne prétend-on pas – avec une certaine pertinence d’ailleurs – qu’il existe une “école belge de l’étrange” ? Le Fantastique a, en effet, pu être une lecture et une réponse fantasmatiques à la marginalisation objective de cette classe moyenne à laquelle appartiennent la plupart de ses producteurs. Les lectures sociologiques opérées entre autres par Jacques Dubois (6) permettent de constater qu’un certain nombre de productions symboliques traduisent en termes esthétiques les réponses ou les malaises d’une classe « dont le drame est de voir son existence compromise par le cours de l’histoire » (7). Le chercheur liégeois dira encore que « dépourvue de rôle dans le procès historique principal, peu assurée de son unité, menacée même de disparition, la classe moyenne, dans sa version traditionnelle tout au moins, éprouve le constant besoin de s’affirmer et de se donner des compensations » (8). Les mêmes déterminants sociologiques sont apparemment à l’oeuvre en ce qui concerne le Fantastique. La littérature fantastique, selon Jean-Baptiste Baronian, « s’apparente à une révolte, un formidable cri de protestation – le désir, la volonté de provoquer la toute-puissante suprématie d’un ordre établi, de renverser un excès de rationalité et de bon sens » (9). De même, chez Marc Quaghebeur, théoricien des lettres belges, « les impasses croissantes de la position sociale des classes moyennes peu aisées qui constituent l’assise d’une société (...) trouvent ainsi un excellent exutoire fantasmatique (...). Le pays de Jean Ray est un pays de classe moyenne où l’apolitisme va de pair avec l’absence de volonté de cohérence intellectuelle » (10). Nous ne nierons pas la pertinence de cette vision du Fantastique belge, quoiqu’elle ne s’accorde vraisemblablement pas à la position sociale de tous ceux qui en ont écrit (songeons à Thomas Owen, bourgeois et industriel, ou Marcel Thiry dont l’engagement politique est bien connu). Mais il est piquant, pour un critique un peu au fait de la théorie sur la SF, de constater que cette sociologie littéraire appliquée à la production symbolique belge rejoint quasi point par point les analyses pénétrantes énoncées depuis plus de dix ans par Gérard Klein au sujet des producteurs de SF, tant aux USA qu’en France : pour lui également, l’origine des obsessions contemporaines du genre devraient remonter aux incertitudes de la classe moyenne face à son statut présent et futur (11). « La classe moyenne (dit-il) est une prodigieuse productrice et consommatrice d’histoire(s) parce qu’elle y trouve les moyens d’y constituer ses identités présentes et futures en dépit de sa castration politico-économique » (12). Il y aurait, ailleurs, un parallèle assez remarquable à tracer entre les thèses de Gérard Klein et de Jacques Dubois, parallèle qui pourrait nourrir une certaine remise en cause de la catégorisation antinomique littéraire/paralittéraire. Ce n’en est pas le lieu ici, et nous nous contenterons de conclure au travers de cette convergence que l’existence du Fantastique comme réponse symbolique d’une classe sociale à sa trahison par l’évolution du capitalisme et à sa perte de pouvoir sur le devenir des sociétés n’explique pourtant en rien l’inexistence parallèle d’une SF qui aurait pu se bâtir exactement sur les mêmes bases sociolittéraires, traduire les mêmes craintes et répondre aux mêmes angoisses. Elle a joué ce rôle ailleurs. S’en tirer en affirmant alors que le Fantastique a occupé tout le terrain et qu’il se trouvait plus gratifiant pour les auteurs ne tient pas davantage : d’autres genres furent représentés concurremment, songeons au roman policier.

1.2. La succursale de la France.

Passons rapidement sur la position belge en tant que sub-culture de la culture dominante française. Il faudrait rappeler ici toute l’évolution des lettres belges depuis 1830. Pour être bref, si la littérature de notre pays a connu plusieurs phases, ou crises d’identité, d’ailleurs toujours en relation avec l’image même de la nation, toujours également certains auteurs (la majorité ?) n’ont pu se légitimer que face à Paris, de la même manière que le marché littéraire belge ne se conçoit qu’en termes de comparaison/dépendance vis-à-vis du marché français. S’il commence à se créer (ou se recréer) actuellement, phénomène des années 80, un champ de production de biens symboliques qui situe son identité sociologique à l’intérieur des limites de la Belgique francophone, il sera sans doute pourtant trop limité tant au nombre des acteurs que par l’étendue du marché, pour accéder à une autonomie comparable à celle des lettres québécoises. Dans les limites actuelles des relais institutionnels, un écrivain belge ne peut avoir de succès qu’à Paris (ainsi du récent Médicis de Pierre Mertens pour Les Éblouissements). Que quelques Belges puissent noyauter l’institution littéraire française, voire lui faire la leçon, comme Georges Lambrichs à la NRF ou Hubert Nyssen avec Actes-Sud, ne change rien à la situation globale. Pourquoi la SF y aurait-elle échappé ? Les revues et les collections, comme les fanzines, ont toujours drainé la quasi totalité du monde francophone vers l’Hexagone. Ceci dit, la perception de cette situation par nos amis Français fait encore dire à quelqu’un d’aussi intelligent que Daniel Walther que « la science-fiction belge d’expression française a la chance de se fondre très intimement à la science-fiction hexagonale » (13). Cette intime conviction permet à Walther, sous le titre “Belgique et Pays-Bas”, de ne par1er que des auteurs néerlandophones et hollandais. Faut-il voir ici à l’oeuvre une fois de plus le vieil impérialisme culturel de la France ? Aucun Français, fût-il critique, écrivain ou directeur littéraire, ne saurait-il admettre qu’il n’y a pas inéluctablement de chance pour un auteur qu’au travers de la lorgnette parisienne ? Les crises d’identité francophones que l’on peut voir à l’oeuvre désormais partout, même au travers des institutions, montrent à suffisance qu’il existe pour le moins une certaine critique de la prédominance de l’appareil éditorial parisien. Un auteur belge n’éprouve-t-il pas désormais autant de plaisir à publier au Québec ? Encore faudrait-il, pour se créer une identité, savoir à peu près d’où l’on est – mais (si nous osons dire) n’anticipons pas.

De toute cette image concernant la suprématie française, retenons qu’on voit mal comment la SF aurait pu y échapper, lorsqu’il faut bien admettre que toute la littérature belge a dû vivre avec cette question depuis sa naissance. Ce n’est pas la France qui a tué dans l’oeuf la SF belge, pas plus que le Fantastique, car même aux catalogues français il est bien difficile de trouver un auteur d’origine belge.

1.3. La technologie.

Notre troisième modèle concernait l’analyse qui privilégie l’état industrialisé d’un pays. Plusieurs théoriciens ont tenté de convaincre que là où il n’y avait pas de science, il ne pouvait y avoir de SF. Si l’on veut éviter de se laisser leurrer par un idéalisme qui verrait en SF de la science pure, remplaçons science par technologie et nous verrons poindre l’industrialisation nécessaire. Or, à nouveau, la Belgique devrait être concernée. Si nous voulons un moment revenir à la dualité France/Belgique, et que nous analysons historiquement l’industrialisation des deux pays, on s’apercevra que ce n’est contrevenir en rien à la réalité d’admettre que la France est un pays d’industrialisation relativement récente, demeuré rural pour une bonne part, et qui, en tout cas, n’est entré de plein pied dans la course à la modernité technique qu’assez tard. La Belgique quant à elle, et singulièrement sa partie sud (donc francophone) est un pays industriel de longue date, où l’existence de la sidérurgie par exemple est attestée en nombre de siècles. À comparer les deux sociétés à la fin du XIXème siècle, alors que sous Léopold II la Belgique était devenue l’une des premières puissances mondiales, on pourrait même considérer, si les déterminants qui font une littérature étaient purement mécanistes, qu’un Jules Verne eût été beaucoup plus à sa place aux bords du sillon industriel Sambre et Meuse que dans la France de son temps. Pourtant l’anticipation n’est pas née en Belgique (Rosny Aîné devint tôt Parisien). Pourtant, une SF française bien charpentée a fini par exister. Mais si aujourd’hui la France a comblé son retard et est devenue une société hautement technologique, la SF n’y est plus en très grande forme : paradoxe ? Parallèlement, la Belgique est bien ce pays qui donna l’un des plus grands signes de la modernité d’après guerre : l’exposition universelle de 1958. A l’heure actuelle encore, notre pays est celui qui malgré sa taille et sa population vient immédiatement après les grands que sont France, Allemagne et Italie dans l’effort spatial européen. La Wallonie, grâce à de nouvelles entreprises ou à des firmes anciennes qui se recyclent dans le domaine des technologies de pointe à haut risque, tend à rejoindre le club des technopoles. Pourtant, cette modernisation certaine de la région ne peut faire poids face au caractère de plus en plus obsolète de l’épine dorsale industrielle, jusqu’il a peu principal employeur du monde ouvrier et désormais pourvoyeur du chômage. L’industrialisation de la Wallonie est actuellement, historiquement, derrière elle.

Et si la SF devait se lier à la science et aux technologies, elle ne pourrait s’écrire dans cette région que demain ! Mais pourquoi n’y est-elle pas née au temps de la splendeur industrielle ?

2. L’Histoire.

Cette troisième piste critique nous introduit, ainsi que nous l’avons évoqué, à situer la non-existence d’une SF autonome en nos contrées dans le rapport primordial que le genre tout entier entretient avec l’idée même d’Histoire.

Actuellement, la Belgique francophone, et singulièrement la Wallonie, semblent ne pas ou ne plus pouvoir mettre en place une quelconque spéculation sur leur avenir, car ce dernier apparaît bouché par une évolution historique dont chacun se sent exclu, et que quasi aucune classe sociale ne peut plus percevoir de manière positive. La Wallonie moderne est en effet en quête de son Histoire, comme elle l’est de sa culture propre. La Wallonie moderne se crée, se cherche et apprend à vivre. Rappellera~t-on le parallèle québécois ?

2.1. La Belgique francophone, son histoire, sa culture.

Nous avons cité le terme de “déshistoire” et il nous faut revenir à celui qui fit éclore ce concept. Pour Marc Quaghebeur, « les symptômes culturels au travers desquels se révèlent les questions posées par nos lettres ressortissent en effet à une histoire collective qu’il importera un jour d’étudier enfin sérieusement et d’assumer lucidement. Or, jusqu’à nouvel ordre, celle-ci paraît être le lieu d’une amnésie généralisée » (14). Et plus loin : « la perception de l’histoire, passée comme présente, paraît en Belgique plus particulièrement tronquée que dans nombre de pays occidentaux. La mythologie développée par l’histoire officielle n’est jamais devenue un véritable support de la conscience collective parce qu’elle oublia que tout mythe se fonde quelque part dans un réel » (15). L’auteur a résumé le concept dans un entretien où il affirme : « ce pays fait comme s’il n’avait pas d’histoire propre et refuse de tenir un discours où il s’analyse et se prend en charge. Les structures sociales, politiques, ... sont faites de façon à nous déconnecter du monde et à nous irréaliser de plus en plus – ce dont témoigne notre littérature. La vie politique se joue en vase clos et nous offre des fétiches qui nous empêchent d’assumer notre histoire » (16). Cette analyse – partagée d’ailleurs par d’autres chercheurs – a connu un gros impact médiatique et nourri une longue polémique. Mais désormais, ils sont nombreux à penser que, pour citer José Fontaine, « la Wallonie est une société sans projet avec une identité forcément floue, qui découle de cette absence de projet d’une société pour elle-même » (17). De là vient sans doute que l’actuel trait le plus caractéristique des lettres francophones de Belgique, au plan esthétique comme au plan socioculturel, conjugue des rapports d’ambiguïté et d’amour/haine noués entre le producteur de biens symboliques et sa terre natale, rapports cristallisés tantôt dans une insertion délibérée au sein du terreau socioculturel local (on aboutit au régionalisme, autre sub-culture), tantôt dans un choix tout aussi délibéré de s’ouvrir au monde (souvent francophone) et de déborder ainsi le cadre “étriqué” de ce qui reste comme nation en Belgique.

Les lettres francophones de Belgique rejouent donc au plan de l’oeuvre d’art les rapports étranges que le pays entretient avec sa propre histoire. Le champ symbolique semble en effet définitivement trusté par une culture dominante coupée de tout référent sociologique précis, culture survivant dans une capitale agonisante et dont la déshistoire est effectivement la production principale. La tentative d’unification culturelle de régions disparates possédant pourtant chacune leur identité, qui devait relayer l’unification politique de 1830, n’a abouti, au nom de l’unité et de “l’âme” belge, qu’à nier ou falsifier les vraies racines culturelles des divers peuples rassemblés sous le nom de Belges (18). Ceux-ci ont amorcé leur réveil au XXème siècle, violemment en Flandre et très timidement encore en Wallonie – qui s’est longtemps bercée d’illusions au sujet de la bienveillance bruxelloise à son égard.

Cette déshistoire, sciemment instituée jusqu’au coeur des relais les plus importants du champ symbolique, ceux qui produisent la légitimation (et qui furent secoués par les analyses de Marc Quaghebeur), rejette en des marges à ses yeux infralittéraires les producteurs qui tentent de l’ébranler ou de la nier. Les instances officielles ou académiques préfèrent oeuvrer dans l’abstrait et l’intemporel : est-ce un hasard de voir le Médicis de Pierre Mertens (par ailleurs auteur digne d’éloges), déjà cité, se concentrer sur les affres psychologiques d’un médecin nazi et ignorer le réel belge contemporain ? Et Pierre Mertens, comme d’autres, se situe à la croisée de toutes les légitimités bruxelloises : celles des commissions, des conseils, de l’Université, de l’Académie (où il finira !) et des relais culturels tels que “Le Soir”, le grand quotidien de la capitale.

Serait-il audacieux de soutenir que la déshistoire a porté au coeur de nos lettres une pesanteur telle qu’elle aurait provoqué et entretenu une certaine méfiance vis-à-vis de toute entreprise prenant l’Histoire pour objet ? Où sont, chez nos romanciers modernes, les substrats socio-historiques qui opéreraient une relecture de la Question royale, de l’insurrection de 60, de la décolonisation ? De toutes les productions symboliques wallonnes, seul à ce jour le cinéma a osé se colleter avec l’Histoire belge et ses prolongements modernes (19). Cette situation qui a trop duré nous oblitère les instances de reconnaissance. Pour citer Claudette Delhez-Sarlet (20) on ne parle pas ici « des institutions, mais bien des instances véritables (...) : un public, des groupes actifs, des lieux sans complaisance. Nous manquent surtout un regard vers le futur et la vigueur indispensable pour faire effraction et sortir de la clandestinité. Nous manque un désir politique. (...) La formation d’un désir politique collectif (vraiment politique) créerait l’instance de reconnaissance ; mais c’est aussi, et en même temps, la production de biens symboliques qui contribue à l’élaboration du désir politique. C’est très précisément ce processus qui s’est mis en branle au Québec, il y a vingt ans ».

2.2. SF et Histoire.

Il est temps de réinterroger la SF et de voir se constituer entre elle et l’Histoire d’autres étranges rapports. On peut prêter l’oreille aux historiens eux-mêmes et ainsi lire chez Jacques Le Goff que « le futur, en même temps que le passé, attire les hommes d’aujourd’hui en quête de leurs racines et de leur identité, les fascine plus que jamais. Mais les vieilles apocalypses, les vieux millénarismes renaissent, et une nouvelle nourriture, la science-fiction, les alimente » (21). Pour de nombreux critiques, l’histoire moderne et la SF participent du même état idéologique d’une société. L’idéologie mise en place est inévitablement celle qui donnera à l’histoire un sens. Certes, rien n’interdit de considérer qu’il n’existe nul sens : nous vivrions une intense cacophonie sociale et historique dont le bruit de fond cosmique serait soit le modèle soit la métaphore. La plupart des théoriciens, outre leur goût du système, préfèrent quand même songer que la vie humaine, son organisation en sociétés, la production par les relais de celles-ci de cultures parmi lesquelles on trouvera l’histoire de ces mêmes sociétés, que tous ces éléments possèdent un sens, qu’ils signifient directement ou symboliquement face à l’homme. Ce sens, le plus fréquemment, participera de la notion de progrès, attachée tout autant au type de société lui-même, qu’à tous les modes de production de cette société et aux objets matériels comme aux biens symboliques qu’elle se donne. Même si l’on se tient au plan technique ou technologique, l’idéologie dominante de nos sociétés, qu’elles soient capitalistes ou marxistes, est évidemment celle du progrès. Avec André Leroi-Gourhan, on peut considérer que cette idéologie-là a pris naissance au néolithique. Quant à la liaison entre Histoire et idéologie du Progrès Continu de l’espèce humaine, on sait ce qu’elle doit surtout à Marie Jean Antoine Nicolas Caritat, marquis de Condorcet, dont l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1795) est aujourd’hui encore rééditée et mérite notre regard critique.

On ne peut évidemment éviter de sentir la proximité du sens mis en place par la SF vis-à-vis de l’idée de progrès et même de progrès continu. Nous serions donc en présence de deux perceptions du monde, de deux productions d’une société, de deux constitutions d’objets symboliques, Histoire et SF, qui se recoupent, s’entrecroisent, et finalement participent des mêmes principes de base. La production historique est évidemment symbolique, mais parfois aussi subjective que la production littéraire, a fortiori science-fictive. On sait aussi que la SF manipule globalement des modèles sociaux plutôt que des individus. Pour Alexis Lecaye, « ces modèles (sociaux) sont de véritables types idéaux au sens weberien du terme, constructions imaginaires destinées à mettre en évidence des relations réelles, à cerner l’universalité et la spécificité de certaines tendances » (22). La SF comme travaux pratiques de l’Histoire ? On sait ce qu’Asimov et d’autres durent à Toynbee. Plus loin, Lecaye citant Paul Veyne (« l’histoire s’intéresse à des événements individualisés dont aucun ne fait pour elle double emploi, mais ce n’est pas leur individualité elle-même qui l’intéresse : elle cherche à les comprendre, c’est-à-dire à retrouver en eux une sorte de généralité, ou plus précisément de spécificité » (23)) dira : « Il en est de même pour la SF devenue adulte : l’évasion est toujours d’actualité, dans des mondes en apparence de plus en plus biscornus, mais les caractéristiques essentielles de ces mondes se ramènent toujours à des éléments saillants de notre édifice social, éléments dont le point commun est qu’il constitue, au moment où l’auteur écrit son livre, le point de mire, l’obsession d’une partie notable de la population. Ce n’est pas simplement l’exploitation et l’amplification de ces thèmes (...), c’est leur transformation en idéal type, au développement autonome, abouti, qui forme le tissu du roman de SF » (24).

La même année, Daniel Riche composa pour la revue d’avant-garde “Change” un numéro spécial sous l’intitulé Science-fiction et histoire. Un fragment de son introduction nous intéresse ici (comme d’ailleurs toutes les contributions de ce numéro). « Risquons cette affirmation : histoire et science-fiction sont nées l’une de l’autre et simultanément. Il faut entendre par là que l’émergence d’une pensée dotant l’ordre de succession des événements dans le temps d’un sens – ce mot étant pris ici dans sa double acception de signification et de direction – s’est révélée la condition nécessaire et suffisante à l’apparition d’une “science” s’efforçant de mettre à jour ce sens dans les événements passés, et d’une littérature jouant avec lui pour lui trouver des prolongements dans les événements à venir, ou dans des événements passés que la chronique aurait, en quelque sorte, oubliés. Sans “conscience historique” au sens occidental du terme, la science-fiction ne serait pas. Cette littérature, en effet, se nourrit d’histoire et ne peut fonctionner qu’en s’articulant autour de concepts issus de la représentation occidentale du devenir historique, comme ceux de progrès, de développement, de causalité et d’évolution » (25). Cette longue citation aurait pu se voir poursuivie par d’autres extraits des divers articles réunis alors, entre autres ceux de Shippey, Giuliani, Douay, Gouanvic ou Rio. Il nous semble que l’analyse est suffisamment claire, et nous nous contenterons d’y ajouter deux formulations que Jean-Marc Gouanvic ne nous en voudra pas de citer : « (...) on peut avancer que la SF rompt doublement avec le roman réaliste : en tant qu’interrogation sur l’histoire et, ce qui n’est en dernière analyse qu’un corollaire de cette interrogation, en tant que questionnement des valeurs. (...) Dans les meilleurs des cas, la SF fait sienne, mais à son insu, les questions dont se sont nourries les philosophies depuis plus de deux mille ans : les idées d’être, de nature, d’identité, d’altérité, la possibilité et l’impossibilité de penser le devenir » (26) et aussi que « dans la SF se trouvent indissociablement représentés le socio-historique, théâtre des affrontements idéologiques, le socio-historique d’où surgissent des “figures autres”, celles du devenir, et l’émergence de l’altérité écologique comme rupture épistémologique radicale » (27). Il est évident, si l’on suit ces pistes critiques, que l’uchronie a été trop longtemps sous-représentée dans l’étude de la science-fiction. Loin d’en être un thème particulier, son esthétique devrait sans doute recouvrir celle du genre tout entier qui, mettant davantage en scène le Temps que l’Espace, devrait être considéré globalement comme un pan d’uchronie davantage que comme un pan d’utopie. Il n’est pas neutre à cet égard qu’un agrégé d’histoire en la personne d’Éric Vial ait enfin créé le lieu qui manquait à cette confrontation de l’Histoire et de la SF, avec sa revue “Passe-Temps”, fondée en mai 86 (28).

Revenons un instant au roman de SF comme réflexion sur l’évolution de l’histoire humaine et ses finalités. Si l’on accepte un instant d’occulter E.T. et les manifestations les plus médiatisées de la SF moderne, pour voir en sa branche littéraire un choix esthétique (une vision de l’image du monde) ou même épistémologique (une interrogation de l’évolution des connaissances et de leur insertion socio-historique), davantage qu’un genre paralittéraire mineur classé entre le polar et le roman médical, on devra s’apercevoir que ce secteur du champ des productions symboliques contemporain, pour former une nébuleuse parfois difficile à saisir, n’en possède pas moins une ossature précise. Nous avons vu combien la réflexion sur la notion de progrès y figure en bonne place et quasiment qu’ipso facto se fait jour par et dans la SF une réflexion sur le sens de l’Histoire. Il ne s’agit en effet nullement de prévoir l’avenir ! L’intérêt des auteurs gît plutôt dans les constructions subtiles d’évolutions futures possibles, voire probables, et dans la manière dont ils s’interrogent sur le fonctionnement de ces avenirs (ou parfois de ces passés alternatifs). Les univers de la SF sont « les mythes d’une société qui se transforme en profondeur à vitesse de génération humaine » (29). Que signifie encore le progrès ? Que signifie encore l’idéal historique ? De toute la littérature contemporaine, la SF est peut-être la seule à oser saisir à bras le corps ces questions fondamentales, sous l’apparence d’un univers romanesque le plus souvent distrayant. On ne dénombre plus les écrivains créant des empires galactiques (et donc des histoires du futur, comme Asimov ou Heinlein), ou récrivant l’Histoire (comme Anderson, Dick, Roberts, et bien d’autres “uchronistes”). Parfois, ce rapport au sentiment historique va, comme chez Michel Jeury, jusqu’au rejet de l’évolution historique qui passe par la révolution grosse de tous les pouvoirs totalitaires, pour choisir un repli sur un territoire fantasmatique et anhistorique. Tous ces mondes romanesques sont autant de signes de l’interrogation fondamentale de l’esprit humain : quel sens donner à l’aventure de la civilisation ?

3. Histoire belge et SF.

L’absence de SF structurée en Belgique francophone prend dès lors tout son sens si l’on accorde quelque crédit à ces deux propositions : déshistoire belge et rapport privilégié de la SF et du sens historique. La position de la Belgique et de ses producteurs symboliques face à l’Histoire (à leur histoire propre !) pourrait être telle qu’elle entrave toute vision ouverte d’un avenir quelconque. Que le concept même de “Belgique” soit fictif n’est plus guère contesté entre les falsifications historiques des uns et les visions idéalistes périmées des autres (tous belges, d’Ambiorix à José Happart). Que la culture dominante, maître de tous les relais de légitimation et encore majoritairement unitariste, ait nié les origines réelles et les racines de nos communautés au profit de la persistance de l’État central est tout aussi évident. Les fuites esthétiques des écrivains face à cette ambiguïté ou même à cette négation du sens historique de la “nation” belge ont été nombreuses, et il fallut attendre l’époque contemporaine pour voir ressurgir des préoccupations critiques et lire des oeuvres qui intègrent enfin l’histoire régionale dans une société culturellement adulte. Et encore : affirmons-le à nouveau, les instances de légitimation ont sur ce plan une croisade de retard ! La prise de parole difficile de l’écrivain francophone belge se serait donc longtemps accompagnée d’une quasi impossibilité à spéculer. Peut-on parler de l’avenir sans assumer son passé et son présent ? Ceci mérite évidemment d’être approfondi et étayé, sans doute par une enquête sociologique. Nous nous sommes également permis de mélanger hardiment deux disciplines, la sociologie littéraire et la philosophie de l’histoire. Nous ne pensons pas qu’il y ait là vice rédhibitoire : si l’Histoire peut se lire en termes philosophiques, elle n’en demeure pas moins la colonne vertébrale d’une société qui sait se reconnaître pour telle, et donc de ses productions symboliques.

Nous conclurons en citant deux exemples qui paraissent aller dans le sens de notre analyse. Si l’on fait l’historique rapide des quelques oeuvres de SF nées en terre belge, cette terre qui doute tant de son histoire, on ne peut manquer d’y noter la présence d’un certain nombre d’uchronies. L’œuvre phare de Marcel Thiry dans le roman n’est-elle pas Échec au temps, où l’on voit Napoléon vainqueur à Waterloo et l’aigle impériale surplomber la célèbre butte ? Parmi la génération de 1977 (30), Henri Wesoly écrivit avec “C’est la lutte finale...” un délicieux récit qui voit Bruxelles en proie à la guerre civile alors qu’interviennent des Brigades Internationales des Travailleurs Immigrés. Second exemple, la tentative romanesque d’André-Joseph Dubois, Celui qui aimait le monde (31), qui consiste à produire un récit relativement classique dans sa forme puisqu’il s’agit du cadre général d’un typique récit d’apprentissage, mais qui convoque un référentiel tel qu’en refermant le roman le connaisseur saura qu’il sort d’un univers parallèle, autre forme de l’uchronie. En effet, si Dubois utilise les codes du roman réaliste pour un récit traditionnel de guerre et d’occupation tel que la littérature régionaliste wallonne en a fourni beaucoup après 1945, il met en scène dans ce contexte une guerre et une occupation qui ne sont autres que celles de la troisième guerre mondiale déclenchée par le tyran Basam Damdu dans Le secret de l’Espadon d’Edgar-Pierre Jacobs ! N’est-il pas significatif que ce roman qui est aussi une gigantesque métaphore des transformations et des difficultés d’identité de la culture wallonne, ait choisi comme mode d’expression pareil imaginaire ? Là où Marcel Thiry utilisait « l’arme du fantastique pour élargir le champ des possibles et secouer le joug du Temps », A.J. Dubois reprend la parole dans cette Wallonie si longtemps muette en répondant à la déshistoire belge par un jeu fictionnel sur l’Histoire elle-même. Serait-il idéaliste d’y voir le signe qu’à l’inexistence d’une SF constituée en Belgique francophone pourrait succéder l’apparition d’auteurs (32) pour lesquels le jeu de l’histoire et des possibles fait partie de l’acquis romanesque ? Ceux qui veulent écrire une science-fiction moderne en Belgique trouveraient-ils des espaces libérés dans le champ de production symbolique grâce aux acteurs qui depuis peu y font bouger une région jusqu’alors culturellement inexistante ?

Jupille, mars-avril-juillet 1988.

Notes

(1) Warfa (D.), “Qui a peur d’une Belgique fictive ?”, in “Imagine...”, n°38 (vol. VIII, n°3), février 1987, pp.54-68.
Warfa (D.), “Approches d’une SF francophone en Belgique”, in “Séries B”, n°14/15, s.d. (2ème trim. 1988), pp30-32.

(2) Nous nous permettrons de résumer sous ces deux mots les expressions “lettres françaises de Belgique” ou “lettres belges de langue française”, par commodité, étant entendu que la SF néerlandophone n’est pas négligeable.

(3) Vonarburg (E.), “La SF québécoise”, in “Proxima”, Série spéciale l, 1986, pp.55-69.

(4) Qui vit la création de la première revue québécoise spécialisée dans le genre : “Requiem”, devenu “Solaris”.

(5) Vonarburg (E.), Op.cit., pp.56-57.

(6) Nous nous référons plus particulièrement, outre l’ouvrage L’institution de la littérature (Bruxelles/Paris : Labor/Nathan, 1978), à l’article “Statut littéraire et position de classe” (in Collectif, Lire Simenon, Bruxelles/Paris : Labor/Nathan, 1980, pp.17-45).

(7) Dubois (J.), “Statut littéraire et position de classe”, Loc.sit., p.41.

(8) Ibid., p.25. C’est nous qui soulignons. L’oeuvre entière de Georges Simenon ne serait d’ailleurs autre chose qu’une mise en scène de cette problématique, tantôt par exclusion, tantôt par identification. Maigret, fonctionnaire de l’ordre établi typiquement petit-bourgeois, est pourtant l’un des policiers du monde littéraire à éprouver le plus de fascination pour les milieux louches et les situations psychologiques équivoques : voilà comment Simenon, lié à sa classe d’origine, métaphorise son désir d’y échapper (relatif par ailleurs, l’idéologie simenonienne étant plus complexe que ce que ces quelques lignes tendraient à montrer).

(9) Baronian (J.B.), “Un fantastique de réaction”, in La Belgique fantastique, Verviers : Gérard, 1975, p.8.

(10) Quaghebeur (M.), “Balises pour l’histoire de nos lettres”, in Alphabet des lettres belges de langue française, Bruxelles : Association pour la promotion des Lettres belges de langue française, 1982, pp.133-134.

(11) Ces analyses ont connu plusieurs versions, en français et en anglais :
Klein (G.), “Malaise dans la SF américaine”, in “Cahiers du laboratoire de prospective appliquée”, n°4, septembre 1975 ; rééd. : Metz : Éditions de l’Aube Enclavée, 1977 ; condensé : Klein (G.), “Crise dans la SF américaine”, in “Opus”, n°64, automne 1977, pp.36-39 ; traduit dans “Science Fiction Studies” (1977 ?) ; repris enfin in Le Guin (U.K.), Le nom du monde est forêt, Paris : Laffont, 1979, “Ailleurs et Demain”, pp.165-245.
Il faut aussi citer la plus récente étude de l’auteur : Klein (G.), “Trames et moirés”, in Thaon (M.), Klein (G.), Goimard (J.) et al., Science-fiction et psychanalyse, L’imaginaire social de la SF, Paris : Dunod, 1986, “Inconscient et culture”, pp.47-151.

(12) Klein (G.), “Une vue sur l’histoire”, in Michel Jeury, Paris : Presses-Pocket, 1982, “Le livre d’or de la Science-Fiction”, n°5133, p.31.

(13) Walther (D.), “Autres mondes de la science-fiction”, in Guiot (D.), Andrevon (J.P.) et Barlow (G.W.), La science-fiction, Paris : Éditions M.A., 1987, “Le monde de ...”, p.22. C’est nous qui soulignons.

(14) Quaghebeur (M.), Op.cit., p.13.

(15) Ibid., p.14.

(16) in Fontaine (J.), “Quand les lettres belges font leurs ‘balises’”, entretien avec M. Quaghebeur, in “W’allons-nous ?” n°7/8, été 83, p.62.

(17) Fontaine (J.), “Il n’y a pas de bourgeoisie wallonne”, in “Carré Magazine”, n°2, avril 1982, p.44.

(18) Ces falsifications sont relativement analysées dans notre étude d’“Imagine...” (cf. note 1), mais nous renverrons le lecteur intéressé aux ouvrages suivants :
Quévit (M.), La Wallonie : l’indispensable autonomie, Paris : Entente, 1982, “Minorités”.
Hasquin (H.), Historiographie et politique, Essai sur l’histoire de Belgique et la Wallonie, Charleroi : Éditions Institut Jules Destrée, 1982.

(19) Voir Le grand paysage d’Alexis Droeven de Jean-Jacques Andrien et Hiver 60 de Thierry Michel.

(20) Delhez-Sarlet (Cl.), “Critique de La Belgique malgré tout” in “Carré Magazine”, n°l, décembre 1981, p.66.

(21) Le Goff (J.), Histoire et mémoire, Paris : Gallimard, 1988, “Folio-Histoire”, n°20, pp.57-58.

(22) Lecaye (A.), Les pirates du paradis, Essai sur la science-fiction, Paris : Denoël/Gonthier, 1981, “Médiations”, n°212, p.l9.

(23) Veyne (P.), Comment on écrit l’histoire, Paris : Le Seuil,197l.

(24) Lecaye (A.), Op.cit., p.20.

(25) Riche (D.), “Science-fiction et histoire : une introduction” in “Change”, n°40, mars 1981, p.11.

(26) Gouanvic (J.M.), “Positions de l’histoire dans la science-fiction”, in “Change”, n°40, mars 1981, p.101.

(27) Gouanvic (J.M.), “La science-fiction, une poétique de l’altérité”, in “Imagine...”, n°14, automne 1982, p.111.

(28) À consulter également :
Guiot (D.), “Faire de l’uchronie”, in “Mouvance”, (n°5), Le Temps, 1981, pp.77-86.
Van Herp (J.), L’histoire imaginaire, Bruxelles : Recto-Verso, 1984, “Ides... et Autres”, n°45.
Carrère (E.), Le détroit de Behring, Paris : P.O.L., 1986.
Nicot (S.) et Vial (É.), “Les seigneurs de l’Histoire”, in Rey (P.K.) éd., Univers 1988, Paris : J’ai Lu, 1988, “Science-fiction", n°2354, pp.227-239.

(29) Lecaye (A.), Op.cit., p.242.

(30) Date de la parution d’une anthologie qui aurait pu faire office de manifeste : Goorden (B.) éd., Antan en emporte le temps, Bruxelles : Recto-Verso, 1977, “Ides... et Autres”, n°22.

(31) Paris : Balland, 1983.

(32) Ces auteurs existent, quelques-uns à tout le moins : certains fans de SF ont à leur actif plusieurs publications professionnelles en revues ou dans l’une ou l’autre anthologie (citons Serge Delsemme, par exemple). On ne peut manquer de relever le nom d’Alain Dartevelle, dont la signature est apparue un peu partout en Francophonie, y compris dans la revue parisienne “Fiction”, et dont le second roman, Script, vient de paraître chez Denoël (coll. “Présence du Futur”). Il nous faut encore jeter la modestie aux orties et citer notre propre cas (présent dans les fanzines, dans “Fiction” et “Imagine...”, dans des anthologies). Enfin, les écrivains publiant dans “Magie Rouge” ou “Phénix” (deux revues semi professionnelles bruxelloises) méritent d’être suivis. Il faut néanmoins remarquer que le dernier numéro de “Phénix”, intitulé Fictions belges, continue de faire la part belle au fantastique aux dépens de la SF : les habitudes sont tenaces.

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