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mercredi 23 novembre 2022

Les Galaxiales, cycle séminal de la science-fiction française

 

22 novembre 2022, je reçois un volume qui constitue la dernière publication des éditions du Bélial’, « Les Galaxiales – L’intégrale » de Michel Demuth, préparé sous la direction de Richard Comballot, volume qui est aussi le lieu d’édition de mes deux dernières nouvelles à cette date, "Les Hommes-Soeurs d'Hermonville" & "L'Homme en armes et l'âme en peine".

Le cycle des Galaxiales, composé par Michel Demuth entre 1965 et 1979, constitue l'une des rares et remarquables histoires du futur de la SF française. Mais elle demeurait inachevée, son auteur ayant très tôt choisi, parallèlement à l’écriture, d’intégrer l’édition et de participer à la structuration de toute une époque de la SF française, comme éditeur et comme traducteur. Longtemps, on a espéré qu’il allait y revenir, et il a d’ailleurs encore livré, sur le tard, de jolis morceaux de prose parfois très poétique voire expérimentale, mais son décès en 2006 a sonné le glas de cette attente pour les Galaxiales. Or, on savait ce qu’il aurait pu livrer, puisqu’à l’instar de quelques-uns de ses confrères anglo-saxons, Demuth avait établi un tableau chronologique précisant non seulement les événements de son futur, mais aussi les titres des textes qui illustreraient ceux-ci.

Richard Comballot, comme bien d’autres, ne se satisfaisait pas d’un cycle inabouti, même si les belles nouvelles de Michel Demuth comblaient depuis longtemps ses lecteurs. Richard s’est dit que la solution était fort simple : il s’agirait de rassembler un certain nombre d’auteurs de SF francophones disposés à choisir un titre dont le récit était encore à naître, et prêts à se fondre dans l’univers des Galaxiales – tout en ne bradant pas leur propre créativité, bien entendu. Chacun pouvait dès lors mettre ses brodequins dans les traces de Demuth, ce qui constituait tout à la fois un beau grand morceau de privilège et une forme d’hommage envers celui qui écrivit tant de belles pages. Michel Demuth fut un auteur important dans le champ de la SF française, Janus qui se fit passeur de la SF anglo-saxonne par son travail dans l’édition, et s’éleva grâce à ses créations au niveau des meilleurs auteurs. Pour la France, l’homme fut de la trempe d’un Klein, d’un Curval, d’un Jeury, par exemple. S’attaquer à son univers pouvait avoir tout d’une confrontation ou d’une écriture de combat... Richard Comballot s’est alors fait anthologiste, tâche qu’il adore, et a patiemment rassemblé autrice (une seule, hélas), auteurs et morceaux de littérature.

Cela a pris du temps, des efforts – face à ce rapport inédit à l’oeuvre d’un auteur que nous aimions et respections. Il y eut des défections, et certains se virent à nouveau sollicités par Richard lorsqu’un titre demeurait sans prétendant. S’installer dans l'univers personnel du grand Michel Demuth n’avait certes rien d’évident, et je ne suis pas certain d’y être parvenu sans y laisser quelques plumes. Mais c’est ainsi que deux de mes nouvelles se retrouvent, parmi celles de mes camarades, au sommaire de cette intégrale enfin définitive – puisque l’univers de Michel Demuth semble à présent complet. Je dis bien « semble » : certains pourraient regretter que l’on ait ainsi effacé les zones d’ombre, peut-être, mais il est évident que même à l’intérieur de tout ce qui s’est écrit dorénavant, sous la plume de Demuth ou sous les nôtres, il demeure suffisamment de place entre les mots et les phrases pour continuer d’imaginer l’univers des Galaxiales.

Ainsi, outre Richard Comballot, le maître d’oeuvre, et Serge Lehman qui signe une préface, nous voici : Jacques Barbéri, Ugo Bellagamba (deux fois), Olivier Berenval, Richard Canal, Jean-Jacques Girardot, Christian Léourier (deux fois), Colin Marchika, Joëlle Wintrebert, et moi (deux fois).

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