Me voilà un peu triste…
J’avais rencontré Maurane alors qu’on l’appelait encore Claude – mais
déjà plus Claudine. (Il y a du Club des Cinq là-dedans, tiens.) En 1975, Claudine
Luypaerts commençait à fréquenter les studios de télé. Elle avait quinze ans.
Moi, vingt-et-un, et en compagnie de quelques gentils cinglés liégeois et amateurs
de SF, je tentais de fédérer le fandom francophone belge afin de tenir une
convention nationale qui ne soit plus nécessairement flamande. (On le fera :
ce sera Sfancon 7 – Léodicon 1, en juillet 1976.)
Une des idées consistait à faire le buzz – pardon, c’était voici plus
de quarante ans : on dira « investir les médias ». La RTBF et
son centre de production de Charleroi diffusaient alors une émission intitulée « Entrée
Libre », dont le nom était tout le programme. Un groupe, une association,
n’importe qui porteur d’un projet pouvait venir le présenter en bénéficiant des
moyens techniques de la chaîne. Nous avions donc tout fait, du tournage à
Bruxelles (avec des caméras chargées de pellicule, si si, entre autres chez Pepperland, rue de Namur, les vieux fans soupireront) au
montage passage de la Bourse à Charleroi, en passant par des captations d’interviews du style
micro-trottoir. L’émission était diffusée en direct le samedi dans la matinée,
et aux côtés du groupe de la semaine, elle présentait de jeunes talents de
Wallonie.
Christian Druitte, journaliste et futur patron de la RTBF, accueillait les participants et orchestrait un petit débat. Paul Louka, chanteur et alors
animateur, introduisait l’artiste du jour. Cette fois-là, alors que nous, les
fondus de SF, nous devisions sérieusement (si) du fandom et des conventions (il
y avait, outre votre serviteur, des gens tels que Léon Mormont, Bernard Goorden, Alain le
Bussy, Claude Dumont ou le Flamand de l’association SFAN, Simon Joukes), Paul
Louka encourageait la petite Claude, qui allait petit à petit devenir Maurane.
Pour être franc, je ne sais plus ce qu’elle a pu chanter. Après le
direct (et le démaquillage…), nous sommes allé boire un verre et croquer un
morceau avec l’équipe. Je n’ai plus revu Maurane que de loin, sur scène. La dernière
fois, voici quelques années, c’était au Conservatoire de Liège pour une soirée
jazz, avec Steve Houben et Charles Loos. Aujourd’hui, je revois la jeune
chanteuse pleine d’énergie. Elle était sympa, elle était sincère, elle cherchait un peu ses marques. Du mal, du mal…