J’ai découvert Michel Jeury au travers de l’immensité d’un écrivain qui m’a de suite subjugué lorsque j’avais aux alentour de vingt ans. Quarante ans et quelques poussières plus tard, c’est l’homme Jeury qui demeure le plus profondément inscrit dans l’orbe et la roue des souvenirs qui tournent en moi.
Certes,
j’ai relu voici quelques années un grand pan de l’œuvre de Michel dans
l’optique d’un article qui fut un pur bonheur à écrire, car il me semblait que
je le lui devais. Et du Jeury, cela me fait toujours le même effet aujourd’hui
que lors des premières lectures : un choc et un plaisir intense. Une prose
telle que celle du Temps incertain,
qui entraîne son lecteur à ne plus se poser les questions de la forme et du
fond, car l’un implique nécessairement l’autre, demeure une œuvre que l’on ne
peut placer que parmi les plus importantes du siècle dernier, je pense.